Cosmogrammes, de Sara Ouhaddou

Commissariat : Ludovic Delalande

Bienvenue dans l’exposition de l’artiste Sara Ouhaddou. Vous entendez sa voix ? Elle raconte ses rencontres avec les artisans. Écoutez ses histoires et essayez de reconnaître les bruits qu’elle a enregistrés.

Sara utilise les murs de son atelier pour réfléchir et créer ses œuvres. Elle relie des images, des objets et des textes, c’est ce qu’elle appelle un cosmogramme. Vous pouvez lire dans ses pensées en suivant les traits qui vont d’une idée à une autre. Un cosmogramme est une sorte de carte mentale. Et vous, à quoi ressemblent vos pensées ?

Artiste française d’origine marocaine, Sara Ouhaddou développe une pratique fondée sur la collaboration, le dialogue et la transmission. À la croisée de l’art et de l’artisanat, son œuvre pluridisciplinaire revisite des savoir-faire traditionnels – gestes, formes, matériaux, couleurs – selon des protocoles de création axés sur l’écoute, l’échange et la réciprocité.

Depuis plus de dix ans, elle collabore avec des artisans au Maroc, en France, en Italie, au Japon, aux États-Unis, en Tunisie et, plus récemment, en Ouzbékistan. Chaque projet naît d’une rencontre – territoire, mémoire, objet ou récit – et s’élabore dans un processus évolutif que l’artiste conçoit comme un acte collectif. Pensés comme des outils d’émancipation, les exercices que l’artiste leur propose interrogent les rapports de pouvoir entre art et artisanat, les modes de production et les enjeux politiques ou sociaux du patrimoine immatériel.

Cette exposition réunit un ensemble représentatif de sa démarche, mêlant œuvres récentes et inédites, dont certaines réalisées avec des artisans du quartier de la Goutte d’Or. D’une œuvre à l’autre se déploie un vocabulaire fondé sur un alphabet imaginaire, élaboré depuis 2015 à partir de l’architecture arabo-andalouse, de motifs artisanaux et de sa relation à la langue arabe – qu’elle ne parle pas mais que la société projette sur elle. Ni lisible ni traduisible, ce système devient un outil de réappropriation culturelle qui questionne les dominations inscrites dans l’écriture.

Tout au long du parcours, la voix de l’artiste se fait entendre : pour la première fois, elle raconte en même temps qu’elle montre. Conçue à partir de témoignages et de conversations réinterprétés, la bande sonore polyphonique agit comme une mémoire vive, prolongeant la tradition amazighe à laquelle elle appartient, où la transmission est avant tout orale.

En regard des œuvres, les cosmogrammes – cartes mentales inspirées de l’anthropologie – visualisent et organisent la complexité des éléments imbriqués dans ses œuvres : contextes sociopolitiques, temporalités, récits personnels, matériaux, collaborations. Outils essentiels habituellement conservés à l’atelier, les cosmogrammes resituent chaque œuvre dans son origine et rendent visibles des gestes et étapes souvent effacés. Cette exposition devient ainsi une archive vivante, un espace de circulation entre pensées, gestes et mémoires : ce que l’on garde, transmet, perd, réinvente, oublie, produit.

Ludovic Delalande
Commissaire de l’exposition

Salle 1


L’uniforme, 2023-24
Céramique sculptée à la main, émail bleu et broderie sur tissu 81 x 47 cm
Céramique réalisée par Fouzia Yaagoub, Marrakech, Maroc 

© Marc Domage

Depuis 2013, l’artiste collabore régulièrement avec Fouzia Yaagoub, artisane vivant et travaillant à Marrakech, pour la réalisation de ses œuvres en céramique. L’image du bleu de travail de cette dernière, accroché au mur de son atelier, a marqué la rétine de Sara Ouhaddou qui l’a tout d’abord immortalisée dans une photographie – tel un portrait en creux. La relation tissée au fil des années entre les deux femmes a permis à l’artiste d’explorer plus en avant leur collaboration en lui proposant un exercice inédit : modeler en céramique son bleu de travail emblématique. Ainsi, fidèle à sa démarche, l’artiste invite l’artisane à explorer des techniques qui ne lui sont pas familières. À travers ce protocole, l’artiste a conduit l’artisane à réaliser son autoportrait grâce à son propre médium. Dans les poches de cette veste, des broderies réalisées par Amina Hassani, une autre artisane avec laquelle l’artiste collabore régulièrement, reprennent des motifs choisis par cette dernière. Ici, deux savoir-faire habituellement dissociés se rencontrent et ouvrent la voie à de nouvelles possibilités.

Halima, Moulay Bousselham, 2022-24
Fadma, Ain Jemaa, 2019
Touria, Meknes, 2024
Trois photographies imprimées sur papier-peint, vitrail, 240 x 320 cm chacune
Vitrail réalisé par Marie Grillo, Paris, France

© Marc Domage

La photographie a toujours accompagné la pratique artistique de Sara Ouhaddou. Munie de son téléphone portable, l’artiste capture, au fil de ses recherches et de ses voyages, des ambiances, des textures, des matières, des couleurs, des personnes de son entourage ou encore des contextes – autant de sources d’inspiration auxquelles elle revient sans cesse pour nourrir sa création. Ce n’est que récemment qu’elle a choisi de faire sortir ces images de son atelier pour les présenter en tant qu’œuvres, selon différents formats. Présentées ici à échelle monumentale, ces photographies contrecollées au mur montrent des portraits de femmes de sa famille, saisis dans des instants de leur quotidien au Maroc : sa tante dans un champ de menthe à Moulay Bousselham, sa grand-mère devant la porte de sa maison, et sa mère dans la médina de Meknès. À la demande des modèles, l’artiste a choisi de dissimuler leurs visages derrière des vitraux qu’elle a imaginés à partir d’alphabets inédits, propres à chacune. Ces trois femmes, sources d’inspiration constantes, incarnent pour l’artiste l’héritage des savoirs et leur transmission.

Salle 2

Les femmes de la famille de Sara sont au cœur de sa pratique artistique. Sa mère, sa tante et sa grand-mère lui ont transmis des gestes, des pratiques de fabrication artisanale. Elle leur rend hommage avec ces grandes photographies, sans montrer leurs visages. Saurez-vous deviner qui est qui ?

Au centre, la petite guirlande d’étoiles a été créée par Sara pour sa fille. C’est maintenant à son tour de transmettre les gestes qu’elle connait. Imaginez-les réunies toutes ensemble dans cette salle…


Hiba, 2025
Guirlande en verre et acier, 300 cm
Montage réalisé par Léa de Cacqueray, Paris, France

© Marc Domage

Cette guirlande s’inspire de celle que l’artiste avait conçue pour sa fille Hiba afin qu’elle puisse jouer dans son atelier. Cette œuvre-hommage figure l’acte de transmission à la génération future, amenant l’artiste à prendre conscience de son rôle de passeuse à son tour.

Salle 3

Sentez-vous cette odeur qui remplit la pièce ? L’avez-vous reconnue ? Ces sculptures sont en savon de Marseille, avec des morceaux de céramique placés à l’intérieur. Ici, Sara raconte l’histoire d’un très vieux cimetière d’artisans potiers découvert à Marseille. Comme il est resté caché pendant des siècles, ces artisans ont été oubliés. Les objets retrouvés montrent que leur technique a été nourrie par les échanges avec le monde arabo-musulman. Sara est comme une archéologue et cherche à rappeler la mémoire du savoir-faire arabe dans l’histoire de la poterie.

Je te rends ce qui m’appartient / Tu me rends ce qui t’appartient, 2019
Vingt-huit blocs de savon de Marseille (réalisés dans la savonnerie Le Fer à Cheval) et pièces de céramique incrustées
Céramiques réalisées en collaboration avec Marine Daniel

© Marc Domage

Cette installation, réalisée en savon de Marseille, est une version réduite d’une œuvre pensée par Sara Ouhaddou lors d’une résidence artistique à Marseille en 2019, et présentée dans le cadre de l’exposition Manifesta 13. À travers ce matériau domestique, sensoriel et éphémère, l’artiste explore les thèmes de la transmission des savoirs, de l’histoire des alphabets et des gestes ordinaires. Les blocs de savon, coulés par l’une des plus anciennes savonneries de la ville, « Le Fer à Cheval », sont incrustés de fragments de céramique, donnant à l’œuvre une dimension archéologique et mémorielle. L’apparence des blocs oscille entre la colonne sculpturale et le bloc de terre prélevé sur un site de fouilles archéologiques, suspendu dans l’attente d’être analysé. Certains de ces fragments proviennent d’objets excavés à Marseille, évoquant ainsi les échanges historiques entre le monde arabo-andalou et la ville au Moyen Âge. Par cette œuvre, Sara Ouhaddou propose une réflexion poétique sur la restitution, la circulation et la transformation des savoirs, à travers des objets simples chargés de mémoire. L’installation devient alors un lieu de croisement entre passé et présent, entre l’intime et l’universel, en interrogeant les traces invisibles laissées par l’Histoire.

Mashiko, 2018-23
Ouarzazate, 2018-23
Tokyo, 2018-23
Zerhounia, 2019-23
Moulay Idriss, 2017-23
Cinq photographies sur papier ultra smooth Hahnemühle, 40×40 cm chacune

© Marc Domage

Munie de son téléphone portable dont elle apprécie particulièrement l’économie et l’immédiateté, l’artiste capture, au fil de ses recherches et de ses voyages, des ambiances, des textures, des matières, des couleurs, des personnes de sa famille ou encore des ambiances qui lui sont chères. En pile dans son atelier ou collées dans ses carnets, ces images imprimées au format standard 10×15 cm sont autant de sources d’inspiration auxquelles elle revient sans cesse pour nourrir la création de ses œuvres. Ici, l’artiste a choisi d’isoler cinq photographies de dimensions carrées prises au Maroc et au Japon et de les présenter dans des cadres en métal.

Un artisan qui donne à voir son outil le plus intime : sa palette de couleurs.

Le vitrail du restaurant au milieu d’un désert de sable et de pierres.

Il y a des éléments, des compositions, des agencements, des couleurs qui me fascinent et qui deviendront mes obsessions.

Les objets d’une grande finesse au milieu des rues de Tokyo.

Le nougat fluo du vendeur ambulant devant la mosquée.

Ma mère et ma tante qui se confondent avec les couleurs de la maison.

– Sara Ouhaddou

Salle 4

Cette œuvre est composée de perles de céramique, de verre soufflé et de vitraux, c’est-à-dire un assemblage de verres colorés. Elles tiennent en équilibre. Imaginez le son qu’elles feraient si le vent les traversait. On appelle ce type d’œuvres un mobile car elles sont toujours en mouvement. Les différentes pièces de vitrail viennent d’un répertoire de formes créé par Sara, comme un langage suspendu dans les airs.

Il y en a toujours un dessus, il y en a toujours un dessous, 2025
Métal, vitrail, perles en verre soufflé et perles en céramique, 15 m
Installation inspirée de la poétesse Mririda n’Ait Attik 
Installation inspirée de la poétesse Mririda n’Ait Attik
Vitrail réalisé par Marie Grillo, Paris, France
Céramiques réalisées par Alice Nikolaeva, Paris, France
Montage réalisé par Léa de Cacqueray, Paris, France

© Marc Domage


Conçue pour l’exposition, cette installation en verre, qui se déploie dans deux salles contiguës, est une nouvelle occurrence d’une recherche au long cours, initiée en 2019 autour de l’histoire du verre et de ses savoir-faire en Méditerranée, et tout particulièrement en Afrique du Nord. L’artiste a commencé par une exploration du vitrail historiquement utilisé dans les maisons des médinas, avant de se tourner vers des objets usuels du quotidien. Cette nouvelle collaboration marque la rencontre entre différentes techniques du travail du verre : le vitrail de tradition européenne, avec Marie Grillo, et la fabrication de perles de Syrie, avec Edgar Youssef, un maître verrier d’origine syrienne installé dans le quartier de la Goutte d’Or. La céramique a été réalisée par Alice Nikolaeva et le montage de l’ensemble a été assuré par Léa de Cacqueray. En superposant le temps et la transformation des matériaux, cette œuvre peut également se lire comme un portrait de leur évolution à travers les gestes qui les façonnent – de la perle, forme ancestrale, au verre soufflé, expression la plus récente, en passant par le vitrail. Conçue à partir d’un dessin initial réalisé par l’artiste, cette guirlande de mobiles inaugure une nouvelle forme d’écriture visuelle, réalisée à partir d’un mélange d’objets existants disponibles chez l’artisan et de créations spécifiques.  

Salle 5

Ces bandes de tissu sont en bazin, une étoffe brillante et rigide souvent utilisée pour confectionner les vêtements en Afrique de l’Ouest. Elles ont été brodées et cousues par Lamine, Amadou, Abou et Boubakary, quatre artisans du quartier de la Goutte d’Or (où nous sommes ici). Sara leur a montré des aquarelles qu’elle avait dessinées et leur a proposé de les transformer en broderies grâce à leur savoir-faire. Les artisans ont chacun leur technique favorite. L’un brode au point bourdon, l’autre au point de chaînette… Arrivez-vous à voir les différences ?


La chambre aux confettis, 2025
Vingt-deux pièces de bazin brodées à la machine et confectionnées dans le quartier de la Goutte d’Or, formats variables
Broderies réalisées par Amadou Barry, Abou Ouattara et Boubakary Sidibe, Paris, France
Coutures réalisées par Lamine Diallo, Paris, France

© Marc Domage


Depuis 2013, Sara Ouhaddou s’empare de la broderie pour interroger et déconstruire les identités locales marocaines spécifiques – celles de Tétouan, Rabat, Fès, entre autres. Dans le cadre de ses collaborations avec des ateliers de broderie manuelle traditionnelle, elle incite les femmes – qui brodent généralement en vue de constituer la dot de leur futur mariage – à remettre en question les points traditionnels et à expérimenter sur des matériaux atypiques, tels que le caoutchouc. À l’occasion de cette exposition, l’artiste a lancé une nouvelle collaboration avec trois brodeurs originaires d’Afrique de l’Ouest, dont les ateliers se trouvent dans le quartier de la Goutte d’Or. Spécialistes de la broderie sur leur textile de cérémonie traditionnel, le bazin, ces artisans ont été invités à reproduire les formes colorées de l’alphabet caractéristique de l’artiste. Par ce geste, Sara Ouhaddou déplace la broderie, habituellement associée au vêtement, vers le domaine de l’architecture en produisant des lais de textiles qui recouvrent les murs de l’espace. Au Maroc, la broderie est aussi utilisée pour orner des meubles de cérémonie, comme les sièges de mariage ; une approche que l’artiste reprend ici dans un registre renouvelé.  

Salle 6

Les boîtes en vitraux sont comme des coffres aux trésors. Elles diffusent toutes leurs couleurs dans la salle. A l’intérieur, il y a des petits chevaux fabriqués par des bijoutiers de la famille Abiad à Marrakech. Quand Sara leur a proposé d’imaginer un objet, les artisans ont choisi de s’inspirer de la fantasia. Il s’agit d’une fête de tradition amazighe, où les cavaliers rejouent des scènes militaires. Ces petits chevaux en métal font penser à des bijoux précieux ou aux pions d’un jeu. Imaginez leur poids. Imaginez leur température.

Les vitrines de Derb Dabachi, 2023-24
Vitrail, bijoux cavaliers, verre, laiton, cuivre et argent, formats variables
Vitrail réalisé par Mohamed Maaroufi, Marrakech, Maroc
Bijoux réalisés par Omar Abiad et Ihya Abiad, Marrakech, Maroc

© Marc Domage

Emblématique des croisements inédits que l’artiste aime à provoquer, cette nouvelle série d’œuvres associe sa recherche au long cours sur le verre et la création de bijoux, ainsi que sur les dispositifs de présentation des produits pour la vente. Elle interroge ainsi la manière dont l’artisanat se met en scène dans les médinas aujourd’hui. Face à l’augmentation croissante du tourisme, de nombreux artisans désirent adopter les codes de la mise en valeur commerciale – vitrines standardisées, accumulation d’objets, éclairages accentués – tandis que d’autres s’en détournent ou en jouent, provoquant un décalage dans la perception d’objets qui, pourtant, restent identiques. Ce glissement témoigne d’une transformation radicale dans la lecture de ces formes artisanales. 

Réalisées par l’artiste et Mohamed Maroufi, chacune des vitrines se compose d’un ensemble de panneaux de verre, dont certains sont traités en vitrail, évoquant les motifs des maisons traditionnelles. En leur centre, de petites sculptures métalliques, réalisées par la famille de bijoutiers Abiad, s’inspirent de la fantasia – une tradition équestre spectaculaire qui met en scène des cavaliers en habits d’apparat exécutant des charges synchronisées et des tirs de fusils pour célébrer l’héritage guerrier et culturel du Maroc – détournée ici dans un format miniature et ornemental. Chaque vitrine est une façon pour l’artiste de renouer avec son premier métier de conceptrice de présentation visuelle de produits qui lui a permis de financer les débuts de sa pratique artistique et de mettre ce savoir à disposition des artisans. Elle soulève ainsi une interrogation : comment une œuvre peut être mise au service de l’artisan, et cela, de façon directe ?  

Salle 7

Les pièces en céramique de ces œuvres sont assemblées comme un puzzle qui reprend les formes de l’alphabet créé par Sara. Elle a imaginé des partitions de musique pour représenter Les chants de la Tassaout de la poétesse amazighe Mririda N’ait Attik. Pouvez-vous voir les notes,
inventer votre chant ? Ces céramiques et la veste bleue à l’entrée de l’exposition ont été réalisées par Fouzia, une artisane qui vit et travaille à Marrakech. Sara collabore avec elle depuis longtemps.


Partition 5 et 6, 2024
Céramiques émaillées, 124 x 90 x 5 cm chacune
Céramiques réalisées par Fouzia Yaagoub, Marrakech, Maroc

© Marc Domage

Sa première collaboration avec les artisans commence avec la céramique, en 2013, en parallèle à la broderie. Iconique de l’artisanat marocain, la céramique – comme le tissage – est l’une des formes artisanales les plus anciennes, reconnues et célébrées, dont les gestes se perpétuent depuis des millénaires. Artisans et artisanes continuent ainsi à reproduire les mêmes objets selon des techniques transmises de génération en génération. Face à ce constat, l’artiste a cherché à remonter à l’origine de ces gestes pour mieux les déconstruire et inviter l’artisan à repenser sa production, afin de tenter de répondre à une question : l’artisanat peut-il encore être un espace d’innovation ou doit-il se résoudre à la répétition inlassable d’un geste figé ? Pour ce faire, Sara Ouhaddou est partie d’une forme simple : le carreau de céramique utilisé dans la construction des zelliges classiques. Le zellige est un art traditionnel marocain de mosaïque constitué de petits carreaux de céramique émaillée, assemblés avec précision pour former des motifs géométriques complexes, souvent utilisés dans l’architecture islamique. Réalisés par Fouzia Yaagoub à partir d’un dessin de l’artiste, ces panneaux se composent de formes abstraites – son alphabet de formes colorées – dont l’assemblage, conçu comme un puzzle, évoque la sonorité des chants amazighs* dont ils s’inspirent.

Salle 8

L’alphabet de Sara apparaît sur les vitres du bâtiment et colore la lumière. Elle associe des formes abstraites pour faire des mots, des phrases, des poèmes. Cette lumière teintée nous fait voir l’espace autrement, à l’intérieur mais aussi à l’extérieur. Regardez dehors à travers les formes de couleur…


Sans-titre, 2025
Vitrophanie de formes colorées. Exercice libre à partir d’enregistrements audios dans les ateliers de tissage à Imlil au Maroc. Chants traditionnels amazighs du Haut Atlas

© Marc Domage


L’artiste propose une intervention sur les vitres de l’espace d’exposition, en y appliquant les formes colorées de son alphabet visuel, dialoguant ainsi avec l’architecture. Cette démarche trouve ses racines dans son passé de designer merchandising, où l’espace devait refléter les objets ou produits mis à la vente. Ici, l’espace devient un miroir déformant des œuvres. Les vitres lui permettent d’explorer la même liberté qu’offre la peinture, en jouant avec la matière du verre, la couleur et la transparence. En investissant l’architecture du bâtiment, l’artiste produit une œuvre éphémère et unique, à l’instar de l’oralité qu’elle mobilise dans ses œuvres.